Le sous-développement de l’épargne retraite en France ferait perdre à chaque salarié et retraité 1 720 euros par an par salarié ! Pour quantifier cette perte, le très libéral Institut économique Molinari a fait tourner sa calculette.
L’épargne retraite représentait seulement 10 % du PIB en France sur la période 2012-2021. Le manque d’épargne retraite représentait 74 % du PIB en France. En prenant comparant la France avec les 3 pays de l’UE ayant le plus misé sur l’épargne retraite (Danemark, Pays-Bas et Suède), le déficit d’épargne retraite était de 147 % du PIB en France. Soit un manque-à-gagner annuel lié au sous-développement de l’épargne retraite était de 3 410 euros par actif et retraité en France (17 % de la retraite moyenne). Au global, cela représente 159 milliards d’euros par an en France (6,4 % du PIB chaque année).
Résultats, le manque-à-gagner annuel lié au sous-développement de l’épargne retraite est de 80 milliards par an, ce qui représente 1 720 euros par actif et retraité en France. Pour un retraité moyen, ce manque-à-gagner équivaut à 9 % de la pension en France et de 7 % dans l’UE.
Pour arriver à ces conclusions l’institut considère que l’épargne retraite a rapporté en moyenne 4,3 % par an de plus que l’inflation, grâce aux dividendes et plus-values sur la période 2012-2021.
Ce rendement a permis d’autofinancer une partie des retraites sans faire appel aux prélèvements obligatoires, ce qui a amélioré la compétitivité et le pouvoir d’achat des pays ayant une dose significative d’épargne retraite.
Et pour enfoncer le clou, les experts de Molinari citent en exemple, les quelques régimes obligatoires collectifs faisant appel à la capitalisation.
L’Etablissement de retraite additionnelle de la fonction publique (ERAFP) a placé 38 milliards d’euros (à fin 2022) au profit des fonctionnaires. Géré paritairement par les syndicats de fonctionnaires et les représentant des employeurs, il a dégagé un rendement de 3,7 % par an depuis sa création.
La Banque de France a placé 13 milliards d’euros (à fin 2022) au profit de ses personnels et retraités, ce qui lui permet d’autofinancer une part significative des pensions sans faire appel aux contribuables et de restituer périodiquement des excédents significatifs à l’Etat (1,8 milliard d’euros en 2021 et 2022) ;
Le Sénat a placé 1,6 milliard d’euros (à fin 2022) au profit de ses personnels, élus et retraités, ce qui lui permet d’autofinancer 55 % des retraites qu’il verse sans faire appel aux contribuables, soit une économie de 13 % de ses dépenses de fonctionnement chaque année ;
Le Caisse d’assurance vieillesse des pharmaciens (CAVP) a placé 6 milliards d’euros (à fin 2022) au profit des pharmaciens, ce qui lui permet de distribuer des retraites attrayantes en dépit de la pyramide des âges très défavorable de cette profession réglementée.
La conclusion de l’étude est donc claire. Le financement quasi exclusif des retraites par la répartition renchérit le coût du travail et comprime les salaires nets (les cotisations retraite représentent 28 % des salaires du privé et 85 % des traitements indiciaires des fonctionnaires d’Etat). Cela pénalise le secteur privé mais aussi le rapport qualité/prix des services publics. Le paiement des cotisations retraite employeur a consommé notamment un tiers des ressources de l’Education nationale en 2022. C’est autant de moyens qui manquent pour mieux rémunérer les personnels.
Selon Molinari, si la France avait une capitalisation retraite aussi développée que la moyenne de l’OCDE, elle bénéficierait d’une manne représentant 80 milliards d’euros par an liée aux revenus de l’épargne (dividendes, coupons, plus-values…). Elle pourrait notamment réduire ses déficits publics (127 milliards d’euros en 2022), mieux financer des politiques sociales (dépendance…), la transition climatique (25 à 34 milliards d’euros par an à horizon 2030 selon le rapport Pisany-Ferry) et l’indispensable relance du nucléaire (52 milliards d’euros pour 6 réacteurs EPR).